Le silence est comme l'ébauche de 1000 métamorphoses. (Yves Bonnefoy)
- Caroline Tot
- 6 févr. 2023
- 3 min de lecture
Mon ado ne me raconte rien.
Les faits :
Il vous racontait tout et vous n’êtes plus au courant de rien. Réjouissez-vous de ce qui vous a été confié jusqu’alors.
Beaucoup d’enfants petits racontent peu leur quotidien extérieur à la maison. Ils reproduisent souvent l’attitude des parents, qui ne parlent pas ou peu de leur journée de travail, du loisir qu’ils pratiquent. Pourquoi alors reprocher aux enfants leur discrétion, c’est une forme d’héritage.
Pourquoi :
Vous regrettez ce temps d’échange maintenant disparu ? Il grandit, évolue. Il faut accepter qu’il prenne de la distance même si ce n’est pas facile pour vous.
Votre curiosité naît de ce qui vous échappe et devient plus fréquent ? Par habitude, il parlait peu. Pourquoi avez-vous ce soudain intérêt ? Vous avez moins confiance ? Pourquoi ?
Vous vous intéressez donc avec mesure à ce que vit votre jeune adolescent : il répond à vos attentes, formidable ! Mais dans les autres cas, que faire ?
A éviter :
Ne lui faites pas le reproche qu’il ne vous réponde pas ou insuffisamment à votre goût.
À « tu ne me dis jamais rien », qui est négatif, préférez « je suis un peu triste que nous échangions peu ». Ou quelque chose de similaire avec vos propres mots.
Si vous le questionnez sans cesse alors que vous vous accommodiez de son silence auparavant, il peut le ressentir comme de la méfiance de votre part : « avant je n’avais pas de compte à rendre, maintenant si. N’ont-ils plus confiance en moi ? Qu’ai-je fait de mal ? »
Quand votre enfant évoque quelque chose, difficultés, joies, réussite, ne rapportez pas tout à vous. Vous pensez lui rendre service en vous donnant en exemple. Mais il a besoin de se différencier. Navrée, mais il ne veut plus vous ressembler.
Il souhaite parler de lui et ne pas être un avatar de ses parents.
Interroger sur l’école, les notes ne sont pas forcément le bon sujet pour ouvrir le dialogue.
Lui parler du fils d’untel, de la cousine d’unetelle qui a fait ci, réussi comme ça. Il se dénigre déjà assez, doute suffisamment de lui, se compare déjà beaucoup. Inutile d’en rajouter et de susciter de la jalousie, de la mésestime et l’impression qu’il vous déçoit.
Anticiper en lui trouvant des solutions. A-t-il demandé votre aide ? Laissez la place pour qu’il puisse faire une demande. Voire, solliciter votre avis, interroger votre expérience. Il a peut-être seulement besoin de temps.
A favoriser :
Et s’il voulait seulement être écouté ? C’est une réelle qualité que de savoir écouter. Communiquer, c’est aussi écouter.
Alors même si c’est au « mauvais moment », le soir au moment de se coucher, le matin alors que vous êtes en retard, essayez de lui accorder un temps d’écoute.
Si vous le repoussez plusieurs fois, il risque de ne plus faire ce pas. Laissez de la place pour qu’une rencontre puisse avoir lieu.
Accordez-vous de la valeur à ce qu’il raconte ? Cela vous semble peu important, pas grave. Peut-être pour vous, mais pas pour lui. Commencez par prendre au sérieux ce qui vous est confié.
Acceptez-vous qu’il ait d’autres points de vue, opinions que vous ? Peut-être qu’il sent ou craint vos réticences.
Pour conclure, un peu :
Ne coupez pas le contact, questionnez-le de temps en temps, sur divers thèmes : cinéma, musique, actualité, réseaux sociaux, sport, mode… Manifestez votre intérêt réel et sincère. On apprend beaucoup de son enfant à discuter sur des sujets généraux.
Et rappelez-vous, votre enfant n’est pas votre copain, il y a des choses qu’il ne vous racontera jamais.


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