Surtout ne vous mentez pas à vous-même. Fiodor Dostoïvksi.

Mon ado ment.

Les faits : Si vous aviez l’habitude (de croire) que votre enfant vous disait tout, et toute la vérité, effectivement vous vivez une période surprenante et difficile.

Sachez cependant que votre ado vous a déjà menti, pour éviter d’être disputé, pour ne pas vous fâcher, vous décevoir, etc. Un mensonge signifie toujours quelque chose.

Pourquoi : Petit, son premier mensonge a été un pas vers son autonomie, déjà. En effet, il découvrait que vous ne lisiez pas dans sa tête, que vous ne saviez pas tout ce qui le concernait. Il a vérifié qu’il pouvait avoir une pensée intime.

Il a grandi et il ment.

- Pour ne pas être réprimandé, puni.

- C’est parfois une solution de compromis : plutôt que de dire « non », donc se décoller de l’autre, le mensonge est une solution pour se rendre inaccessible sans trop s’éloigner.

- Pour se donner de l’importance, à vos yeux mais surtout vis à vis des copains : sur ses performances sportives, ses expériences sexuelles, ses actions, ses vacances.

- Pour contrecarrer l’impression d’être dominé par les plus âgés : ils ne voient pas qu’il ment. Il se rehausse en les dévalorisant : ils sont dupes, il les a trompés.

À éviter :

Si vous êtes trop curieux, il se peut qu’il vous mente pour faire face à ce qu’il ressent comme de l’indiscrétion.

Crier, punir, menacer de la perte de votre confiance à tout jamais. C’est vain et pas constructif.

Si vous êtes trop exigeants, à juger aisément ou à comparer. Il se peut qu’il mente par crainte, pour éviter la pression.

Il ment sur tout, tout le temps. Il ne faut pas rester passif. Ne pas banaliser si les mensonges se répètent. Ils sont un « appel ».

À favoriser :

Vous observez qu’il a menti pour éviter un conflit sur une petite chose, pour éviter un « clash ». C’est aussi un signe d’évolution. Cela fait partie de son développement psychoaffectif.

Il est méfiant vis-à-vis des autres. Le mensonge est une alternative face à cela. Pourquoi votre ado teste-t-il la confiance qu’il peut avoir en vous ?

Ment-il car il imagine que vous ne comprendriez pas pourquoi il a fait ci, ça ? Soyez attentifs, la communication est peut-être en danger.

Cela doit être pris au sérieux.

Parlez de votre inquiétude, ouvrez-le dialogue. Un ado peut mentir pour se défendre, se protéger. Par crainte de l’échec.

Il reconnaît le caractère systématique de son attitude. C’est un premier pas. Comment peut-il en sortir ?

Il ne reconnaît pas le caractère symptomatique de ces mensonges ? C’est inquiétant. Assurez-vous de l’aide d’un professionnel.

Pour conclure un peu : Le mensonge sur le plan psychique signifie toujours quelque chose. Tous les mensonges n’ont ni la même importance, ni la même gravité. Quand ce sont des « petits » mensonges de construction, d’évitement, il convient de ne pas les encourager, mais qui ne ment pas du tout ? Ils sont transitoires. En revanche, les mensonges systématiques ne sont pas qu’une étape. Il ne faut pas stigmatiser cette attitude mais elle nécessite que votre adolescent aille travailler sur leur pourquoi, leur fonction, leur origine afin qu’il ne s’enlise pas dans ce rapport mensonger aux autres et à lui-même. A cet égard Winnicott déclarait « se cacher est un plaisir, mais c’est une catastrophe de ne pas être trouvé[1]. »

[1] Winicott D. W. (1963), De la communication et de la non-communication », in Processus de maturation chez l’enfant. Développement affectif et environnement, Paris, Payot.